Le bonheur ça se construit
L'humilité
Matthieu 20 :16
Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers.
« L’humilité est la nourrice de toutes les vertus » disait Saint François de Sales, évêque de Genève et grand théologien du dix-septième siècle. Cette réflexion m’a souvent interpellée tant elle est à l’opposé de notre système de pensées d’aujourd’hui. Dans notre société actuelle où les modes d’action les plus valorisés sont la compétition et la performance, il s’agit toujours de gagner : gagner la guerre, gagner de l’argent, des honneurs, se faire valoir, se démarquer par ses compétences, ses avoirs, son style, sa singularité,…en bref : être le meilleur et paraître.
Et rien ne nous incite plus à rester humble. Cette notion est devenue marginale. Je dirais même que cette grande qualité de l’âme serait souvent perçue comme une marque de faiblesse, au même titre que la gentillesse d’ailleurs, tant aujourd’hui sont cultivées les valeurs de l’ego et d’individualisme.
Saint François nous définit l’humilité comme étant« la parfaite reconnaissance et acceptation de ce que nous sommes » car, disait-il : « nous ne sommes que ce que nous sommes devant Dieu ».
Il s’agit donc de trouver en soi le courage de se regarder. Observer et reconnaître notre personnalité avec lucidité, sans fard ni complaisance. Cela nous permettrait déjà de faire un constat de ce qu’il serait bon de changer dans nos vies pour devenir meilleur. C’est en nous acceptant mieux, avec nos défauts mais aussi nos qualités que nous pourrons travailler à l’élévation de notre âme. Celle-ci se réchauffant de plus en plus si nous nous rapprochons du créateur. L’humilité est donc une qualité essentielle à cultiver si nous voulons progresser et ainsi devenir plus heureux, puisque plus proches de Dieu !
Nous savons que pour nous sentir bien il est nécessaire de nourrir notre âme : elle a besoin d’émerger de temps en temps et de se manifester, parfois difficilement si notre ego est trop fort. J’ai l’image des deux plateaux d’une balance avec l’âme d’un côté et l’ego de l’autre. Ne dit-on pas : « Quand l’ego meurt, l’âme se réveille » ? Or l’humilité est précisément une des qualités essentielles de l’âme. On peut difficilement imaginer de compétition dans l’au-delà : le voile de l’ego levé, nous serons tous nus devant l’Éternel ! Il me semble que cette éternité qui nous attend est bien plus précieuse à préparer aujourd’hui en cultivant les valeurs du cœur, comme l’humilité, qu’en nous démenant à essayer de valoriser notre ego pour une durée, qui ne pourra de toute façon pas excéder notre vie terrestre. Du simple point de vue de la logique, c’est déjà une saine réflexion.
Si nous sommes en plus dans le désir de nous améliorer spirituellement, c’est en faisant progressivement taire les encombrants désirs de notre ego que nous y parviendrons.
Alors comment faire pour développer notre humilité ?
Quelques pistes simples : il serait bon de savoir reconnaître et accepter nos erreurs, d’éviter la vantardise, éviter de se comparer aux autres, ne pas s’attribuer tous les mérites, rester ouvert et disposé à apprendre, rester courtois et respectueux, savoir s’excuser, aider et écouter les autres, apprécier leurs talents et leurs qualités et être capable de les complimenter, réapprendre à s’émerveiller, cultiver la douceur et la paix de l’esprit, ne pas s’efforcer d’être le meilleur, apprécier ce que l’on a, etc.
Un vrai travail donc, mais qui aura le mérite de nous élever, qui nous permettra d’être plus en contact avec notre âme et ainsi plus proche de notre Créateur ! Et si l’âme exulte, la béatitude n’est pas loin...
